Par Danielle CHENAVIER
SEPTEMBRE 2025
C’était avant… !
Mon premier permis ? ma première journée de chasse ? C’était
en …1974. Moins de savoir mais plus de jambes. Une époque où le lièvre était
l’espèce emblématique de la chasse sur mon village et « ouvrait » …le jour
de l’ouverture générale.
Ce matin-là, avec Denis, nous
avions « crapahuté » du haut de nos 20 ans, derrière les « porcelaines »
de l’ami Jean Mi. Aucun bosquet, aucune touffe d’orties n’étaient épargnés et
les heures s’effilaient sans que nous ayons aperçu le moindre bout d’oreille
d‘un capucin. Le clocher sonna midi et il était temps de rentrer à la ferme où
la « tablée » nous attendait.
Je n’étais qu’une fille et à
suivre les deux garçons, je m’épuisais. La sieste m’avait surprise à l’ombre du
tilleul et, bien sûr, mes deux compères ne m’avaient pas attendue pour
repartir.
Ne m’avouant pas vaincue, je
détachais de sa chaine, la « Miss » vieille épagneule breton, « chien
de cour », mais aussi bonne aux lapins qu’aux vaches, toujours prête à
suivre qui voulait bien l’emmener.
Je montais jusqu’aux vignes du
père Clément, et voilà qu’un beau lièvre se dérobe, loin devant. Je suis le
chemin et revient vers la ferme, où, devant le portail, le grand père
attendait, écoutant la chasse au loin.
Au village tout le monde
l’appelait « le gaulois » sans doute à cause de ses très grandes
moustaches. L’œil vif pétillait sous le vieux chapeau qu’il ne quittait jamais.
Sa voix, forte et haut perchée, portait un phrasé dauphinois qu’on n’entend
plus de nos jours.
Il nous racontait parfois
« sa » guerre, celle de 14 ou bien, ensuite, comment, commis de
ferme, il n’avait pas de lit et dormait dans le foin. La chasse était toute sa
vie et Denis, son petit-fils, aussi loin qu’il s’en souvienne le suivait. Il
pensait bien que, l’âge venu le jeune garçon pourrait rabattre avec ses chiens.
Mais pas de chance ! entre temps le garçon s’était marié et comble
d’infortune sa jeune femme voulait chasser ! Alors, pour la première fois
de sa vie, le gaulois, par dépit sans doute, ou par prétexte, ne prit pas son
permis.
Et c’est bien lui qui m’attendait
près du portail. « J’ai vu ton lièvre il est descendu par la route, suis-moi ! » Je pensais à une mauvaise blague car, l’homme,
plutôt taiseux, m’adressait rarement la parole.
Au bout de 100 m, il s’arrête
vers une « portelle ». « Il est là, dans le pré, tiens-toi
prête » Je ne le crois toujours pas.
Il s’avance dans l’herbe et le lièvre « gicle » devant lui. Je
tire, pour la première fois de ma vie et bien entendu … je manque !
Je revois encore ses deux poings
levés jusqu’à son chapeau « nom de diou, Danielle ! … »
Heureusement, Denis arrivait et
on devinait dans son dos les oreilles et les pattes qui dépassaient de la
gibecière. L’orage était passé, mais bon, je n’avais pas marqué des
points !
JUIN 2025
Extraits
rapport moral Danielle CHENAVIER -- AG 5 avril 2025
Les premiers
mots de ce rapport moral, je veux vous les adresser à vous, vous qui
êtes dans cette salle et montrez par votre présence l’intérêt que vous portez
aux travaux de votre Fédération…
…Se
retrouvez ensemble, avec vous est un véritable réconfort pour nous. Être
président d’une société de chasse ou d’une fédération relève d’un sacerdoce qui
n’attend pas forcément de remerciements. Alors, moi, présidente de Fédération,
je veux remercier ici les présidents et leurs équipes qui s’investissent dans
leur village dans cette tâche difficile et ingrate qu’est la gestion de leur
association
… Si tout n’est pas toujours facile, dans une époque où le
respect et la tolérance sont à la limite d’une vue de l’esprit, ou le rapport
de force remplace la solidarité, ou le chacun pour soi l’emporte sur le bien
vivre ensemble, même, parfois, au sein de nos ACCA, je me dois de faire état du
bilan extrêmement positif des accidents de chasse sur le département de l’Isère
ou plutôt des non-accidents de chasse puisque nous en comptabilisons 0 !
…Les bons résultats de l’Isère en matière d’accidents ne
doivent pas nous inciter à relâcher notre vigilance…. ne baissons pas la garde
et continuons d’être exemplaires. La sécurité, encore la sécurité, toujours la
sécurité !
…Même si la concertation est nécessaire et constructive, il
est évident que, parfois, nous devons
marquer notre territoire avec fermeté… Ce fut le cas le 24 janvier où nous
avons investi les marches de la mairie de Grenoble en réaction aux propos tenus
à notre encontre lors du conseil municipal du 16 décembre.
…Mais aujourd’hui l’histoire est éphémère. Devant la
prolifération d’évènements tous plus spectaculaires les uns que les autres et,
malheureusement, la mémoire de grenouille de la plupart des gens, les messages
passent… et s’oublient… Notre bataille, la bataille pour la défense de la
chasse ne fait que commencer.
JANVIER 2025
Ah si jeunesse savait et si
vieillesse pouvait … !
Des sociologues pourraient se pencher sur ce qui constitue un groupe de chasse, ils y découvriraient une pluralité des genres assez extraordinaire.
Les chasseurs se côtoient, venant d’horizons divers, de milieux ou de professions aux antipodes. Ils auraient pu ne jamais se rencontrer s’ils n’avaient pas eu en commun ce qui constitue leur ADN : la chasse !
Aujourd’hui les féminines ont rejoint leurs amis masculins et amènent encore un peu plus de diversité dans ces profils des chasseurs.
Je passerai sur les adeptes des différents modes de chasse. Autant qu’un profilage, leur attrait pour telle ou telle pratique, révèle des traits de caractère multiples.
Mais ce qui m’interpelle davantage, c’est de rencontrer, dans les cabanes de chasse, ce mélange des générations qui donnent force et vie à nos équipes.
Je
vois les jeunes et les plus anciens reliés par la même passion, les Vincent,
Charlotte ou Eliot qui « bousculent » les Dédé, Roger ou Albert.
Ces
jeunes qui sont notre avenir et qui pensent, de bonne foi, que le monde leur
appartient. L’insouciance de la jeunesse les incite à croire qu’ils ont
l’éternité devant eux alors qu’ils n’ont seulement qu’une vie.
Face
à eux, ou plutôt à leurs côtés, il y a ceux qui en ont vu bien d’autres, qui
n’ont plus ni les jambes ni le souffle mais savent d’où ils viennent et par
quel chemin.
Les
jeunes connectés à leurs réseaux qui visionnent des images d’aujourd’hui et les
anciens rattachés à leur mémoire qui racontent les histoires du passé. Ensemble,
ils partagent leurs certitudes et confondent leurs rêves.
Mais ceux-là, tous ceux-là, les jeunes et les vieux, riches de leurs différences, entre impatience et sagesse, entre vitalité et fatigue, sont notre meilleure chance. Une chance pour que … vive la chasse !
Je vous souhaite une belle année 2025
SEPTEMBRE 2024
Trop de personnes pensent que la liberté est
gratuite alors qu’elle se paie au contraire un prix élevé, celui du devoir et
de la responsabilité.
Tout homme qui accepte de prendre des responsabilités en supporte le poids, avec davantage de devoirs que de droits.
Parce qu’il est beaucoup plus aisé de critiquer que de
diriger, de « râler » que de soutenir, peu se présentent à la charge
d’une présidence d’ACCA. Cette année élective dans les conseils
d’administration de nos sociétés de chasse a vu bon nombre de changements dans
nos bureaux. Cet édito leur est dédié.
Celles et ceux qui ont renouvelé leur mandat, celles et ceux
qui ont été nouvellement élus, je les salue pour leur courage et les remercie
pour leur sens de l’intérêt général.
Il est dans notre nature de juger ceux qui nous entourent.
Nous jugeons des inconnus sur tel ou tel comportement, nos voisins sur leur
façon de vivre, nos amis sur les propos qu’ils tiennent, mais nos plus belles
flèches sont réservées à ceux qui nous dirigent, et proches de nous, nos
dirigeants d’associations. Oui nous portons constamment ce genre de jugement
sans penser qu’un jour nous serons jugés nous-mêmes pour ce que nous faisons ou
ne faisons pas. Il est tellement plus confortable de faire supporter à d’autres
la responsabilité de notre propre désengagement.
Être président(e) d’ACCA relève presque d’un sacerdoce. Car au-delà de l’organisation de la chasse sur
leur territoire, lourd est le poids administratif, règlementaire et moral.
Souvent peu reconnaissants pour leur investissement bénévole, enclins à ignorer
les heures passées à leur service, leurs adhérents, centrés sur leurs petits
désirs personnels, en oublient la charge qui les écrase et qu’ils assument pour
la collectivité.
Alors oui, je vous
salue tous, présidents et membres des bureaux. Je suis fière d’être votre
présidente. Votre fédération vous est reconnaissante et vous remercie.
JANVIER 2024
La culture, ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de la nature (André Malraux)
Récemment je lisais un quotidien qui titrait :
« Comment renouer avec une nature qui s’éloigne ? »
Évidemment, quand 80% de la population française vit dans des « unités urbaines » !
Une nature virtualisée, résumée à un fond d’écran,
à une affiche de marmotte dans le métro parisien, ou à un reportage sur les
loups, mignons (qui ne mangent pas les moutons... !)
Une nature belle, généreuse et bienveillante présentée comme ressourçante et salvatrice.
Et bien non, on nous trompe et les chasseurs le
savent bien, la nature, certes belle, est cruelle et dangereuse. C’est le règne
du sauvage où le destin primaire de chaque espèce
est de manger et d’être mangé. Et pas forcément par le plus gros mais parfois
par le plus petit…
L'homme a mis des millénaires pour s'en extraire et s'en protéger. La dompter et la cultiver. Y vivre et non seulement survivre.
Manger pour vivre et tuer pour manger. Tuer le poulet ou le bœuf, pêcher le poisson, arracher la carotte et moissonner le blé, des fondamentaux indissociables de notre physiologie. C’est NOTRE nature.
Il ne suffit pas d'enlacer les arbres ou de
marcher sur les chemins (tracés par l’homme) pour se " reconnecter"
Romain Couillet de l’université de Grenoble (UGA), décrit dans son article une « amnésie générationnelle environnementale »
Les chasseurs, eux, comme tous ceux qui vivent de la terre, n’ont pas oublié et savent bien que la nature est puissante et colonisatrice, et que ceux qui prétendent la défendre doivent d’abord apprendre à la connaître, la maitriser, la cultiver si on ne veut pas être dévoré par elle.
Les chasseurs ne sont pas des scientifiques, mais
on ne peut nier qu’ils soient des experts, capables de garantir un équilibre
nécessaire à la survie de toutes les espèces.
Acteurs méconnus du territoire, bien souvent ils
ne savent pas dire ce qu’ils font et laissent parler ceux qui disent sans
faire.
Pourtant leur histoire est sans fin, inscrite
dans les gênes de notre humanité, écrite depuis le temps passé jusqu’au temps
qui viendra.
SEPTEMBRE 2023
La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent, c’est
d’apprendre à danser sous la pluie.” (Sénèque)
Avec l’ouverture de la chasse, il y a fort à parier que nos amis
journalistes vont braquer projecteurs et micros sur les chasseurs comme si,
entre la réforme des retraites, le réchauffement climatique ou la guerre en
Ukraine, la chasse représentait un enjeu majeur pour la société du 21ème
siècle.
Et bien oui, venez donc ! voyez qui nous sommes et combien
nous sommes heureux de pratiquer cet art que certains aimeraient bien
raccrocher dans la galerie des causes perdues.
La foule envahit nos forêts dans des usages multiples et variés,
tous légitimes. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous adapter, minorité
dans cette déferlante. Alors « apprenons à danser sous la pluie » et
faisons de notre présence (tout aussi légitime) un élément authentique et
incontournable dans le cycle du vivant. Montrons, expliquons, partageons, ne
perdons pas une occasion d’abattre nos atouts et devenons LA « référence nature » dans nos villages. Pour cela
votre fédération peut vous accompagner.
Le chasseur doit montrer qu’il est le « sachant » qui
peut orienter une décision et trouver la solution à un problème. D’ailleurs
bien souvent le maire se tourne vers le président de la société de chasse de sa
commune.
Mais pour être crédible et respecté, il faut que chacun d’entre
nous, intimement, soit convaincu de sa propre responsabilité, en matière de
sécurité et d’éthique.
Alors, n’ayons pas peur des orages qui nous menacent et s’il
faut danser sous la pluie, dansons ! mais soyons les meneurs de la
farandole et, que sur l’air de la chasse, tourne la ronde !
Bonne ouverture à tous !
JUIN 2023
Si tu
décides de faire quelque chose, fais le premier pas. Et n'aie pas peur ensuite
de faire le deuxième. (Andreï Dyako)
(extraits rapport moral AG 2023)
« Ce
qui se joue aujourd’hui avec la chasse, c’est bien plus que l’avenir de notre
pratique. C’est l’enjeu de la sauvegarde de nos valeurs, de notre identité, de
notre histoire, de la légitimité de notre culture, d’un monde réel et non
virtuel, et de comment, nous allons pouvoir vivre, ensemble, demain, dans nos
villages »
« Le nombre d’accidents à la chasse n’a
jamais été aussi bas. La sécurité à la chasse ne devrait plus être un sujet
politique ou médiatique majeur alors ne tombons pas dans le piège de ceux qui veulent séparer les
gens dans leur diversité. De ceux qui veulent faire le buzz au détriment de
l’intelligence, le culte de l’instant au détriment de la réflexion. »
« Merci
à vous, amis chasseresses et chasseurs. Que vous soyez président de société de
chasse, membres de bureau d’ACCA, président d’Association spécialisée ou simple
chasseur vous êtes l’âme de cette Fédération. Vous êtes les meilleurs
ambassadeurs de la chasse. Sur chacun de nos chemins, derrière chaque arbre,
vous portez sur vous l’image de la chasse française. C’est pourquoi, vous vous
devez, nous nous devons, d’être irréprochables »
« Je vous le dis encore, je crois en l’avenir de la
chasse et j’ai besoin autour de moi de gens qui y croient aussi. Si nous-mêmes
n’y croyons plus qui croira à notre place ? Alors oui, je crois en
l’avenir de la chasse, mais plus que tout, je crois en vous. La chasse ne
mourra pas car vous la portez en vous, au plus profond de votre être. Je vois
la passion qui vous traverse, j’entends l’appel qui vous entraine dans vos
montagnes, dans vos forêts ou dans vos plaines, je sens le souffle qui vous
anime, je sais aussi votre formidable
capacité à vous adapter. Je n’ai pas peur, n’ayez pas peur, la chasse survivra,
parce qu’elle est inscrite dans notre humanité ! »
JANVIER 2023
Il est plus facile de croire ce que l'on nous affirme officiellement, que de s'aventurer dans l'indépendance intellectuelle... En fait, ce n'est pas l'opposition, mais le conformisme et l'inertie qui ont de tout temps été les plus sérieux obstacles à l'évolution des consciences ! Gandhi
Et dire que les réseaux sociaux n’existaient pas quand Gandhi
écrivait !
Aujourd’hui chacun se revendique d’un savoir qu’il n’a pas et
d’une connaissance qu’il suppose.
Même plus besoin de propagande. Une phrase, une photo et la
rumeur enfle, la fake news circule, virale et incontrôlable. Dans ce monde
binaire et sans nuance, la parole du moindre internaute fait foi dans son
groupe, tournant tel un astéroïde dans son univers fermé, se (ré)confortant
dans ce qui s’appelle un « partage » et qui, somme toute, ressemble à
s’y méprendre, à une bonne vieille discussion de comptoir.
Pauvre de nous, chasseurs, cible privilégiée des antitout. Pragmatiques
et honnêtes, nous ne savons pas mentir sur qui nous sommes (juste sur la
grosseur du sanglier…) et n’avons bien souvent pas les mots pour
« partager » diffusant maladroitement un trophée qui nous semble une
merveille.
Dans ce marécage de virtualité anonyme personne n’est
épargné, et chacun peut être aspiré par la bêtise mouvante d’une collectivité
irresponsable et ignorante.
Le chasseur connecté du 21ème siècle continue de siffler son chien et de s’enfoncer dans les bois, sachant lire intimement, cette nature dont tout le monde se réclame. Lien vivant avec la terre, c’est à lui de montrer ce qu’il y a de meilleur et de plus beau dans nos chasses. Notre fédération s’est engagée, avec conviction sur la reconquête de l’opinion, dans ce qui se veut une intelligence collective d’où personne n’est exclu.
SEPTEMBRE 2022
Il y a des gens qui, dans un partage à cinquante-cinquante, veulent pour eux les deux cinquante et même le trait d'union. D. Syrus
Beaucoup de gens prétendent que l’été est leur saison
préférée, car les beaux jours y sont nombreux, ensoleillés et gais.
Pour les chasseurs, la préférence va à l’automne. Il y a
comme une attente dans l’air que nos chiens ont déjà sentie. Comme une promesse
d’émotions, comme un retour à notre patrie d’origine, en communion avec notre
histoire humaine qui s’écrit depuis la nuit des temps…
Force est de constater que cette histoire, si évidente pour
nous, semble bien décalée dans cette société qui a perdu ses repères et parle
de nature (comme de beaucoup d’autres choses d’ailleurs) sans savoir ni
connaitre, revendiquant des droits sur des biens qui ne leur appartiennent pas.
Pourtant nous qui savons et connaissons notre terre mieux que
personne, qui y vivons et la « cultivons » avons compris depuis
longtemps qu’il nous faudra apprendre le « bien vivre ensemble » pour
nous-mêmes et pour les autres si nous voulons survivre.
Nous ne sommes pas les maitres du territoire et sommes bien
obligés de composer avec la règlementation et les autres pratiques, même si
elles nous dérangent. Face à la foule, cette masse humaine qui déferle dans une
ignorance parfaite des codes de la campagne nous n’avons pas d’autres solutions
que de les éduquer. Les chasseurs ont leur part du chemin à faire.
C’est pourquoi, chers amis chasseurs, montrons le meilleur de
nous-mêmes. Expliquons, accueillons, partageons…
Votre fédération vous propose des outils pour cela et
notamment notre application mobile destinée à déclarer nos zones de battues en
temps réel. Elle contribue à gommer le sentiment d’insécurité que peut susciter
notre pratique chez les autres usagers de la nature. Vous ne pouvez pas vous
passer de cette opportunité d’entrer dans l’avenir de la chasse.
Le monde du partage devra remplacer le partage du monde. (Claude Lelouch)
JUIN 2022
Ressentir de la gratitude et ne pas l’exprimer est comme
envelopper un présent et ne pas l’offrir. (William Arthur Ward)
MERCI !!
Un édito un peu spécial cette fois ci qui fait référence à
notre Assemblée Générale du 26 mars.
Merci à tous pour votre participation, qu’elle soit en
présence ou à distance.
Merci pour vos retours tellement sympathiques qui me sont
revenus.
Merci, surtout, pour votre confiance en l’équipe que je
conduis. Je sais combien les hommes qui la composent sont d’ardents défenseurs
des chasseurs et s’inscrivent dans une ligne moderne de la chasse de demain.
Chacun à son rythme, certes, mais tous convaincus que l’avenir nous appartient.
Submergés par l’ampleur de la tâche, je sais que certains
d’entre vous, dans vos sociétés de chasse, sont tentés de baisser les bras, et
je les comprends. Pourtant quelque chose dans l’air, telle une odeur de
printemps, laisse entrevoir comme un basculement de l’opinion en notre faveur. N’abandonnons
pas!
Bien sûr nous suivons de près les évolutions gouvernementales
de notre Pays. Nous avons interrogé les candidats de notre département aux
élections législatives pour connaitre leur position vis-à-vis de la chasse.
Ils devront compter avec nous car il est nullement question
que nous laissions champ libre dans nos campagnes à ceux qui veulent en exclure
les principaux acteurs que nous sommes.
L’alliance devra être faite entre tous les acteurs et usagers
du territoire autour de ce qui devient notre devise « bien vivre
ensemble »
Mais l’union dans nos rangs est également indispensable pour
faire front, ENSEMBLE. Quelles que soient nos pratiques de chasse, notre âge, notre
secteur géographique, nous devons, au-delà de nos divergences, nous retrouver
sur l’enjeu essentiel : sauver la chasse de demain !
JANVIER 2022
Lorsqu'on ne s'occupe pas de politique, elle voue joue
quelquefois le mauvais tour de s'occuper de vous.
Pendant longtemps on s’accordait à dire : « A la chasse, on ne fait pas de politique ». Force est de constater que les choses changent. Nous subissons, de plus en plus, des décisions irrationnelles, venues de toutes parts, et issues de dérives dogmatiques et sectaires.
Il ne
s’agit pas de soutenir tel ou tel parti. La politique d’une fédération de
chasse c’est bien autre chose et si je reprends l’étymologie du mot, qui vient
du grec, il s’agit, au sens large, de la gestion et de l’organisation d’une « cité »
(ici notre Fédération)
Aujourd’hui,
nous avons des adversaires (heureusement pour l’instant minoritaires) qui
veulent tout simplement notre disparition. Si
certains l’affichent ouvertement, d’autres, plus sournois, se cachent
derrière des prétextes comme la sécurité ou des
idéologies comme le bien-être animal. Nous vivons un temps d’intolérance,
mais le pire de tout, d’ignorance.
Pour
nous défendre certains d’entre nous en appellent au militantisme. Et je suis
convaincue qu’il en faut ! Mais ce n’est pas si simple. La bataille ne se
livre pas uniquement dans la rue. Il faut aussi affronter les élus, les médias,
les institutions, les réseaux sociaux, créer des alliances avec tous nos amis
de la ruralité. Expliquer, débattre, écrire, encore et encore…
Je
m’y emploie tant que je peux et pendant ce temps là … ma chère bécasse …
passe !
SEPTEMBRE 2021
Si tu veux construire un bateau, ne
rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres... Si tu veux
construire un bateau, fais naître dans leur cœur le désir de la mer. (Antoine de Saint-Exupéry)
Cette année les capitaines de nos vaisseaux ACCA ont été
réélus. Certains sont de vieux baroudeurs, rompus à l’exercice des
responsabilités que confère cette charge. D’autres sont de jeunes loups ardents
mais parfois ignorants de ce qui les attend. D’autres encore sont là par hasard
et parce qu’il en fallait bien un. Pourtant tous se mettent à la barre avec
courage.
Chacun est le maillon d’une chaine indispensable qui croise ses
anneaux sur les contraintes administratives, l’organisation de la chasse, les
passerelles à construire vers les « autres » pour jeter l’ancre sur
un territoire qui, sans lui appartenir, devient le sien.
L’exercice est difficile et même périlleux pour un capitaine
qui doit tenir le cap de la rigueur et de la sagesse dans un océan de passion.
Contre vents et marées, il devra conduire son équipage, mais
si la boussole lui indique l’équité,
l’amitié, la convivialité alors il évitera bien des naufrages et atteindra le
rivage d’une belle saison de chasse.
Alors que chacun rebatte ses cartes, jette les filets de la
discorde, hisse les voiles de la joie retrouvée, pour de beaux jours à
l’horizon de cette nouvelle saison.
JUIN 2021
Ce sont les causes perdues qui valent
la peine qu’on les défende
J’aime la chasse, et j’aime les chasseurs :
Ceux-là qui portent dans leurs yeux la beauté d’un envol ou
celle d’une « menée », ceux-là qui portent dans leur voix les
histoires qu’ils racontent, qui portent dans leurs mains la trace des arbres
qu’ils caressent au passage, ou sur leur peau l’odeur imprégnée de la forêt,
tous ceux-là qui portent dans leur cœur l’indescriptible qui nous lie à la
terre.
Bien sûr, nous avons dans nos rangs la même proportion
d’imbéciles que dans le reste de l’humanité. Ces chasseurs qui ne respectent ni
les règles, ni l’éthique, ni la solidarité. Ceux qui n’ont pas compris que la
chasse s’inscrit dans des valeurs collectives et humaines qu’il nous faut
défendre à tout prix. Que la chasse ce n’est pas chacun pour soi, mais un sens
du partage et de l’échange qui font la noblesse de notre art.
Nous pensons que le danger vient d’ailleurs, des urbains qui
ne comprennent rien à la campagne ou qui ont peur de nous, des anti-chasses qui nous connaissent si mal
et militent pour notre extinction. Et bien non, je vous le dit, il vient
d’abord d’entre nous. Dans ces temps extrêmement difficiles, où l’on ne sait
pas si la chasse telle qu’on la connait survivra à ce bouleversement des
mentalités, il faudra que chacun comprenne, qu’aujourd’hui, il y va de notre
survie à s’aligner, tous, sur une même ligne de défense dans une fraternité que
l’on doit trouver.
Notre avenir dépend en premier lieu de la réhabilitation de
notre image. Les fédérations y travaillent à tous les niveaux, mais rien ne
pourra se gagner si chaque chasseresse et chaque chasseur, ne s’y emploie.
Des milliers d’hommes et de femmes chasseurs, qui montreraient
le meilleur d’eux-mêmes, dans leur propre périmètre familier. Cela pourrait
transformer un pays et faire de cette cause, que certains jugent déjà perdue,
un bouleversant espoir de renouveau.
JANVIER 2021
Entre la peur
et l’audace, le juste milieu, c’est le courage (Aristote)
Pour être président d’une société de chasse comme certains d’entre vous ou d’une Fédération comme moi et d’autres avant moi, la première qualité à posséder, ce n’est pas la connaissance, la compétence, l’éloquence, la conviction, même si ces qualités sont nécessaires ; la première avant toute autre, c’est le courage !
Il vous a fallu du courage, présidents, pour organiser la régulation et honorer la mission qui est la nôtre et dont l’Etat a reconnu devant le Pays tout entier, la nécessité.
Il vous a fallu du courage, présidents, pour ne pas organiser cette régulation quand vous jugiez que le risque sanitaire était trop grand pour vos sociétaires, afin de les protéger.
Assumer la responsabilité, c’est parfois être seul contre tous et quand l’adversaire se trouve dans nos propres rangs, ça devient triste…
Certains d’entre vous ont eu le courage de soutenir vos responsables et ne pas sombrer dans la facilité tellement tentante de la théorie du «Yaka-faucon» quand l’intérêt particulier parle en place de l’intérêt général
Vous avez été très, très nombreux à m’écrire votre soutien et m’avez offert le courage de vos quelques mots pour conforter le mien.
A vous tous, je dis merci.
Pendant cette période, ô combien difficile
(certainement l’une des plus compliquées pour la chasse depuis la guerre), mes
insomnies ont souvent habité mes nuits blanches et comme le chante si bien Barbara
« À force de compter les moutons qui sautent dans mon lit, j’ai
un immense troupeau qui se promène dans mes nuits. » En l’occurrence, c’est
plutôt un troupeau de sangliers ! Mais à chaque fois, l’aube qui se lève
balaye mes peurs et, pour défendre notre chasse, je retrouve mon courage.
SEPTEMBRE 2020
La femme est l’avenir de l’homme (Aragon-Jean Ferrat)
Chaque année je n’y coupe
pas ! Les médias en mal de scoop se rabattent sur
« l’évènement » de septembre : L’ouverture de la chasse.
Une anecdote, un bon mot, tout
est bon à prendre. Alors une femme qui chasse, quelle aubaine !
Et je dois répondre à la question
qui se veut originale : Pourquoi je chasse ? Et pourquoi pas ? Il y a bien une femme
astronaute !
Mais au-delà du clivage
homme/femme je dois répondre à cette question fondamentale.
Alors bienheureux l’homme des
bois qui chasse tout simplement, sans avoir à se questionner hormis sur le
temps qu’il fera ou si les bécasses sont arrivées ou s’il est à bon vent sur la
voie du sanglier !
J’ai écrit dans mon dernier
édito : « nous sommes la nature » Je suis la nature : Tout
est là !
L’espèce à laquelle j’appartiens,
le genre humain, au sommet de la chaine alimentaire, est un prédateur. La
chasse est donc inscrite dans mes gênes. C’est à la fois simple et incontournable.
Renier mon instinct de chasseur c’est renier ma nature même.
Alors oui, je pourrais décrire
tout ce que ceux qui ne chassent pas ne peuvent pas comprendre, parce qu’ils ne
savent pas. Je pourrais décrire la beauté de la chasse, sa diversité, sa
nécessité mais trop peu de lignes me sont imparties dans cet édito et
d’ailleurs notre magazine s’y emploie au fil des saisons. Et puis, ce que je
pourrais dire, vous le connaissez déjà, mes amis chasseresses et chasseurs, qui
puisez vos racines dans la terre.
Pourtant, à un moment, il faudra bien
que j’aborde le fait que chasser c’est aussi tuer des animaux. Comment une
femme censée donner la vie, peut-elle être attirée par la chasse ? J’ai
vécu dans une ferme et si c’est mon père qui tuait le cochon et les lapins
c’est ma mère qui tuait les volailles. Il fallait bien nourrir la famille !
Pourtant ces animaux, on les élevait, on les soignait et souvent … on les
aimait.
Nous ne pourrons pas défendre la
chasse sans assumer l’acte ultime. Tuer pour manger, tuer pour réguler, mais
tuer toujours dans le respect de l’animal que nous « servons » et de
la nature qui nous lie à tous ces êtres.
Parce que je suis une femme, je
peux en parler sans être caricaturée. Parce que je suis une femme, mon propos
teinté de poésie et de douceur ne sera pas raillé, parce que je suis une femme
je montrerai sur le terrain, par ma féminité assumée, que la chasse n’est ni
barbare ni cruelle.
Alors oui, j’ose le dire, la femme est l’avenir de… la
chasse !
JUIN 2020
L’homme est un
roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant (Blaise
Pascal)
A l’heure où j’écris,
« gitée » dans mon coin de campagne, quand tout semble immobile et
silencieux, et que je regarde au loin la forêt qui m’est rationnée, m’apparait
comme une évidence, mon appartenance à une Nature, belle sans doute, mais
indomptable et sans compassion, presque tyrannique.
Bien que l’on croie vivre un
évènement inédit, notre histoire nous a souvent soumis à des épreuves
similaires. Déjà au moyen âge, la peste noire ramenée par les navires marchands des pays d’orient, ou en 1918 la
grippe espagnole et ses dizaines de millions de morts, nous laissait entrevoir
notre vulnérabilité. Certes, depuis, nous avons appris de cette nature, en
inventant des moyens de soigner ou de se protéger. Mais je me pose la question, qu’avons-nous appris de
l’homme, au regard des situations qui se répètent avec les parts d’ombre et de
lumière de cette humanité qui se révèlent ?
Il nous
manque donc l’humilité, face à cette nature toute puissante où, forts de notre
savoir pensant, nous estimons pouvoir être les maitres alors qu’elle peut nous
balayer d’un revers de tempête ou d’un souffle de grippe. Sommes-nous donc moins
avisés que les gaulois qui avaient peur que le ciel leur tombe sur la
tête ?
Nous, chasseurs, le savons bien,
qui prenons à la nature les animaux que nous tuons. Nous n’avons pas oublié le
lien indestructible qui lie l’homme à la terre, quand nous rendons les honneurs
à la bête morte. Nous sommes la nature.
Mais même si les bouleversements
naturels sont cycliques et inévitables, toutes immatérielles et fragiles
qu’elles soient, la pensée et les idées demeurent et c’est à cause de cela que
l’homme survivra aux cataclysmes de l’histoire.
.
JANVIER 2020
Au pays de Voltaire et Rousseau, où sont donc passés les
grands philosophes qui éclairaient notre culture française et donnaient à nos
esprits le sens du libre arbitre ?
Sommes-nous donc revenus à l’ère de l’obscurantisme où des
braves gens formatés par des réseaux qui tournent en boucle autour de la
bêtise s’autoalimentent d’une
irrationnelle haine ?
Quand il s’agit de vendre du papier ou de faire une audience,
peu importe le sujet pourvu qu’il soit sensationnel !
Il est alors facile de
« taper » sur le chasseur, cet énergumène d’une autre époque, qui
cristallise une différence comme d’autres en d’autres temps.
Sans investigation, sans certitude, sans recoupement, les
faits sont contrefaits et voilà qu’une glissade se transforme en accident de
chasse (mais comme disait ma
grand-mère : «il ne faut pas croire tout ce que disent les
journaux »)
Puis ce sont les tags, les insultes, les pneus crevés, les
sièges de Fédérations incendiées, les fausses rumeurs et j’en passe…
Braves chasseurs ! A vous on demande d’être
irréprochables et en plus de rendre service à la collectivité en remplissant
les missions que nous confèrent l’état.
Alors oui soyons exemplaires ! Soyons plus avisés et intelligents. Ne répondons pas aux provocations et ne provoquons pas nous-mêmes. Ne tombons pas dans le piège qui veut nous faire passer pour des brutes et continuons notre chemin avec sérénité. Car un jour, ce monde se réveillera et, il ne le sait pas encore, comprendra qu’il a besoin de nous.
SEPTEMBRE 2019
Mon premier édito
Je me revois encore, du fond de
mon village, parcourant ce magazine, découvrant le monde de la chasse, bien
au-delà de ma simple pratique. Je ne présageais pas alors que je devrai un jour
en écrire l’édito.
L’équipe fédérale m’a fait
confiance, ce 25 avril, en me désignant à la présidence et je l’en remercie.
De femme à chasseur, à président
d’ACCA, à administrateur, à trésorier FD puis présidente, un chemin long de 45
ans. Il fut parfois difficile mais toujours passionnant. Car vous êtes
passionnants, vous les chasseurs tant méconnus et décriés et comme j’aime vous
rencontrer ! Vos histoires m’enchantent, votre courage et votre savoir m’interpellent.
Du courage il en faut pour gravir
nos montagnes, traverser nos forêts ou courir sur nos plaines, tout cela en
faisant valoir nos droits et nos devoirs. Votre savoir, je le porterai auprès
de ceux qui nous méconnaissent où nous attaquent. Désormais, il ne suffit plus
de nous justifier même si nos actions n’ont jamais été aussi importantes en
faveur de la sécurité, du partage ou de la biodiversité. Il est temps de nous
assumer tels que nous sommes, en gens du terroir, hommes de la nature,
héritiers d’une culture patrimoniale.
Tant de défis nous
attendent encore : l’arrivée du loup, la sécurité, notre place dans
cette société qui nous a « oubliés », les conflits internes qui nous
fragilisent…
Avec la réforme de la chasse et
les nouveaux modes de communication, il nous faut revoir notre fonctionnement
et nous adapter pour pouvoir avancer. Mais nous avons la chance en Isère de
pouvoir compter sur un contingent de salariés performants et motivés. Ils sont
là pour vous aider.
Avant d’écrire cette
introduction, les affres de la page blanche m’envahissaient, mais finalement
j’aurais encore tant de choses à vous dire. Alors rendez-vous à chaque info
chasse où je vous écrirai comme on écrit à quelqu’un qui nous est cher, et,
pourquoi pas, me répondrez-vous peut être ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire